Les émissions de GES, ce sujet dont on entend parler partout. Avant d’écrire cet article, je croyais le comprendre, jusqu’à ce que j’essaie de l’expliquer. Je me suis rendu compte que c’était un sujet beaucoup plus complexe que ce que je croyais. Je savais qu’il y avait un lien entre les émissions de GES et les changements climatiques. Je savais que les activités humaines émettaient trop de GES. Je savais aussi que l’acronyme GES voulait dire gaz à effet de serre et que le CO2 en était un. Par contre, je n’avais aucune idée de leur définition exacte, ni de toute l’histoire derrière l’augmentation des émissions, de leur lien avec le seuil de température de 1,5°C ou des solutions pour les réduire. Si comme moi vous pensez connaître le sujet, mais qu’en y repensant vous êtes un peu perdus à travers toutes les informations, voici une explication qui pourrait vous aider à y voir plus clair.
Par définition, les gaz à effet de serre sont des gaz dans l’atmosphère qui absorbent le rayonnement infrarouge, c’est-à-dire la chaleur émise par la surface de la Terre, l’atmosphère elle-même et les nuages. Cette capacité à « piéger » la chaleur dans l’atmosphère est ce qu’on appelle l’effet de serre. Ça permet d’empêcher la planète de se refroidir ce qui est essentiel pour que nous puissions l’habiter.1
Parmi les principaux gaz à effet de serre, on retrouve le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et l’oxyde nitreux (N2O). D’autres gaz à effet de serre appelés gaz fluorés comme l’hexafluorure de soufre (SF6), les hydrofluorocarbures (HFCs), les chlorofluorocarbures (CFCs) et les perfluorocarbures (PFCs) sont considérés comme synthétiques puisqu’ils ont été entièrement créés par l’humain.1
Le dioxyde de carbone est responsable de la majorité des émissions de gaz à effet de serre. Il représente 73,6% des émissions mondiales. Le reste des émissions correspond à une proportion beaucoup plus petite, mais elles ne sont pas moins importantes. Le méthane et l’oxyde nitreux sont deux gaz à effet de serre considérés comme « super polluants ». À court terme, ils sont beaucoup plus puissants que le dioxyde de carbone.2
Depuis le dernier siècle, les activités humaines ont fait grandement augmenter la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ainsi, le phénomène d’effet de serre est de plus en plus fort. C’est pour cela qu’on dit que les émissions d’origines humaines sont la principale cause du réchauffement climatique actuel et de toutes les catastrophes environnementales qui en découlent.1
Tout a commencé au milieu du 18e siècle lors de la révolution industrielle en Grande-Bretagne. Elle s’est ensuite répandue en Europe et dans d’autres pays du monde comme les États-Unis et le Canada. Cette période marque le début de l’utilisation massive des combustibles fossiles, initialement le charbon puis le pétrole et le gaz naturel par la suite.1 À ce moment, l’industrialisation a ouvert un monde de nouvelles possibilités. La société s’est complètement transformée. Elle s’est basée presque entièrement sur les combustibles fossiles pour alimenter sa nouvelle manière de vivre sans se soucier des conséquences. Éventuellement, nous avons compris que ce monde de croissance constante n’était pas possible à long terme puisque les ressources de combustibles fossiles sont limitées et qu’elles émettent une énorme quantité de gaz à effet de serre.3 Depuis, les émissions n’ont jamais autant augmenté. Entre 1990 et 2021, les émissions de gaz à effet de serre mondiales ont augmenté de 51%.2
Aujourd’hui, nous savons que les émissions de gaz à effet de serre mondiales proviennent de cinq secteurs: l’énergie, l’agriculture, les procédés industriels, les déchets et l’utilisation des terres.2 De plus en plus de gens se mobilisent pour trouver des moyens de gérer les émissions de chaque secteur et mettre en garde des conséquences qu’elles ont sur le climat.
Ça fait plusieurs années que l’Organisation des Nations Unies (ONU) rassemble les dirigeants mondiaux pour discuter des changements climatiques. Ces rassemblements sont connus sous le nom de Conference of the Parties (COP). La première COP significative a eu lieu en 1997 à Kyoto, où les pays industrialisés ont accepté, pour la première fois, de limiter et de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Par contre, les années ont passé, d’autres COP ont eu lieu et rien n’a vraiment changé jusqu’en 2015.4 Cette année-là, lors de la COP21 en France, l’Accord de Paris a été adopté. Il s’agit d’un traité international sur les changements climatiques dont l’objectif est d’atténuer les impacts climatiques catastrophiques. Plus précisément, l’objectif est de « maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels».5
Un peu plus tard en 2018, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié un rapport spécial qui démontrait la nécessité de ne pas dépasser le seuil de 1,5°C. Ils ont expliqué qu’entre 1,5°C et 2°C il y a une énorme différence pour la planète. Selon leurs analyses, le dépassement ferait en sorte que le climat deviendrait de plus en plus instable et que la biodiversité et l’humanité seraient de plus en plus vulnérables.6
Depuis, des changements pour limiter l’augmentation de température ont été mis en place tranquillement, mais en 2024, la température moyenne mondiale a battu un record. Elle a augmenté de 1,6°C par rapport aux niveaux préindustriels. Elle est l’année la plus chaude jamais enregistrée. Par contre, cette augmentation ne signifie pas que le seuil de 1,5°C a été dépassé, parce que celui-ci est calculé sur une moyenne de 20 ans.7 Il est donc encore temps d’agir. Ce qui est inquiétant c’est l’augmentation exponentielle de la température moyenne mondiale qui risque de dépasser le seuil rapidement.8 Il n’y a donc pas de temps à perdre.
La solution pour atténuer les impacts du réchauffement climatique est de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Selon le GIEC, pour limiter le réchauffement à 1,5°C, les émissions de gaz à effet de serre mondiales doivent diminuer de 43% d’ici 2030 et atteindre ultimement zéro émission nette.9
Zéro émission nette est un terme pour décrire le moment où les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine seront compensées par l’élimination des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.1 Pour y arriver, il y a deux étapes importantes. Premièrement, il faut mettre à exécution les stratégies de réduction des émissions pour amener la quantité de gaz à effet de serre le plus près de zéro. Évidemment, même si toutes les stratégies de réduction sont appliquées, les activités humaines émettront toujours une certaine quantité de gaz à effet de serre. C’est pourquoi il faut, deuxièmement, avoir recours à des stratégies d’élimination des gaz à effet de serre pour contrebalancer les émissions restantes.10 Cette élimination peut se faire de manière naturelle, en restaurant les forêts et les océans, deux environnements qui captent et stockent le CO2 lorsqu’ils sont en santé. Par contre, les plus récentes recherches montrent que ces réservoirs naturels de CO2 se dégradent à cause des activités humaines. Ils sont entrain de perdre leur capacité de stockage et menacent de devenir des sources d’émissions de CO2 plutôt que des réservoirs.8 C’est pourquoi il est primordial de les restaurer rapidement. L’élimination des gaz à effet de serre peut également se faire de manière artificielle, en utilisant des technologies comme le captage direct dans l’air et le stockage.1
Est-ce que le monde est en voie d’atteindre zéro émission nette à temps? Malheureusement non. Même si tous les efforts déployés jusqu’à maintenant ont été très bénéfiques, l’action climatique ne progresse pas assez rapidement pour atteindre les cibles.10 Comme on peut voir en rouge sur le graphique tiré du plus récent rapport du GIEC, l’action climatique mondiale actuelle ne permettra pas d’atteindre zéro émission nette. En continuant ainsi, la température moyenne mondiale sera 3,2°C au-dessus des niveaux préindustriels d’ici la fin du siècle.9
Heureusement, plus de 90 pays se sont fixé l’objectif zéro émission nette. Leurs plans d’action permettraient de gérer près de 80% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Par contre, cela demande que leurs plans soient réellement mis en action et ne soit pas abandonné comme celui des États-Unis suite aux récentes élections.10
Il existe des enjeux en lien avec l’objectif zéro émission nette:
• L’enjeu de l’élimination des gaz à effet de serre. Les plans d’action devraient avoir des objectifs de réduction des émissions qui ne dépendent pas de l’élimination des gaz à effet de serre. Sinon, certains pays pourraient éviter de réduire leurs émissions en disant qu’ils n’auraient qu’à éliminer plus de gaz à effet de serre ce qui ne fonctionnerait malheureusement pas, parce que la quantité serait trop grande à éliminer;
• L’enjeu des compensations carbone. Certains pays se fixent des objectifs de réduction des émissions en s’appuyant sur les compensations carbone. C’est-à-dire qu’un pays qui émet beaucoup de gaz à effet de serre peut acheter des compensations carbone à un pays qui émet peu de gaz à effet de serre pour réduire son total d’émission et ainsi prétendre atteindre ses objectifs. La stratégie des compensations carbone peut sembler faire une différence sur la quantité d’émissions à l’échelle d’un pays, mais à l’échelle mondiale, comme toutes les émissions sont regroupées ensemble, ça ne fait aucune différence;
• L’enjeu de l’horizon de temps. La majorité des pays qui se sont donné l’objectif zéro émission nette l’ont fixé pour 2050 ce qui peut paraître lointain. Par contre, comme cet objectif représente un énorme défi, il est essentiel de prévoir également des objectifs à court et moyen terme pour guider les actions climatiques et ne pas passer à côté de l’objectif principal.10
Pour atteindre zéro émission nette, ça prend des transformations rapides dans tous les secteurs: dans nos sources d’énergie, dans nos moyens de transport, dans nos bâtiments et dans notre alimentation. Voici quelques stratégies pour orienter cette transformation environnementale:
• Retirer les centrales au charbon;
• Investir dans les énergies renouvelables et dans l’efficacité énergétique;
• Rénover et décarboner les bâtiments;
• Décarboner le ciment, l’acier et les plastiques;
• Électrifier les transports et les bâtiments;
• Augmenter les transports publics et les transports actifs;
• Décarboner le transport par avion et par bateau;
• Arrêter la déforestation et restaurer les terres dégradées;
• Réduire le gaspillage alimentaire et améliorer les pratiques agricoles;
• Manger moins de viande;10
• Restaurer les océans.8
Il faut se rappeler que ces transformations ne peuvent pas reposer uniquement sur les efforts individuels. Elles doivent être soutenues par les grandes entreprises et les gouvernements qui ont le pouvoir de faire évoluer la situation rapidement. En tant qu’individu, notre meilleur moyen de soutenir l’action climatique est de rester informer pour faire des choix éclairés et garder l’esprit ouvert à des changements de mode de vie qui nous permettraient à tous de vivre sur une planète plus saine.11
Pour conclure, je comprends beaucoup mieux les émissions de GES et leurs impacts sur notre climat. Je sais maintenant que les gaz à effet de serre sont multiples et qu’ils contribuent tous au phénomène d’effet de serre qui fait que la Terre conserve sa chaleur. Je sais que depuis la révolution industrielle, les activités humaines font grandement augmenter la quantité de gaz à effet de serre ce qui est la principale cause du réchauffement climatique. Je sais que plusieurs recherches scientifiques ont permis d’établir le seuil de température moyenne mondiale à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels et qu’il faut tout tenter pour le respecter afin d'atténuer la crise climatique. Je sais aussi qu’il existe plusieurs solutions pour y arriver, dont la réduction des émissions de GES avec l’objectif zéro émission nette. Enfin, j’espère que, vous aussi, vous aurez appris sur les émissions de GES et que cet article vous aura permis de clarifier ce sujet complexe. Rappelons-nous que sortir la planète de la crise climatique n’est pas seulement nécessaire. C’est aussi possible. Toutes les recherches scientifiques réalisées sur le sujet à travers les années nous ont permis de trouver les solutions. Des solutions qui sont ambitieuses, mais réalistes. Les recherches montrent qu’elles vont fonctionner si elles sont mises en action à temps.8 Ça c’est encourageant! Ça veut dire que les efforts mondiaux pour renverser la crise climatique comptent et ont la possibilité de nous mener vers un futur stable et en santé.
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Bibliographie
1. IPCC. (2021). Annex VII: Glossary. Dans Climate Change 2021: The Physical Science Basis. Cambridge University Press. https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_AnnexVII.pdf
2. Ge, M., Friedrich, J. et Vigna, L. (2024). Where Do Emissions Come From? 4 Charts Explain Greenhouse Gas Emissions by Sector. World Ressources Institute. https://www.wri.org/insights/4-charts-explain-greenhouse-gas-emissions-countries-and-sectors
3. Earthrise. (2021). Climate Change: How We Got Here [épisode 1, saison 1]. Dans The Breakdown. Waterbear Network. https://www.earthrise.studio/earthrise-originals/the-breakdown
4. Earthrise. (2021). Climate Crisis: Nine Years Left to Avoid Disaster [épisode 3, saison 1]. Dans The Breakdown. Waterbear Network. https://www.earthrise.studio/earthrise-originals/the-breakdown
5. UNFCCC. (s. d.). L'Accord de Paris. https://unfccc.int/fr/a-propos-des-ndcs/l-accord-de-paris
6. IPCC. (2018). Summary for Policymakers. Dans Global Warming of 1.5°C. Cambridge University Press. https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2022/06/SPM_version_report_LR.pdf
7. Vernet, C. (journaliste et réalisatrice). (2025). On a (pour la 1re fois) dépassé le seuil symbolique du 1,5°C [reportage]. Dans Info. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/info/breve/11704/copernicus-seuil-rechauffement-climat?utm_source=SRC&utm_campaign=ENBREF-MVP&utm_medium=Interne&utm_term=INFO&utm_content=partage_qrcode
8. Rockström, J. (2024). The tipping points of climate change — and where we stand [vidéo]. Dans TED. https://www.ted.com/talks/johan_rockstrom_the_tipping_points_of_climate_change_and_where_we_stand?subtitle=en
9. IPCC. (2023). Summary for Policymakers. Dans Climate Change 2023: Synthesis Report. https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_SPM.pdf
10. Levin, K., Fransen, T., Schumer, C., Davis, C. et Boehm, S. (2023). What Does "Net-Zero Emissions" Mean? 8 Common Questions, Answered. World Ressources Institute. https://www.wri.org/insights/net-zero-ghg-emissions-questions-answered
11. Earthrise. (2021). Climate Solutions: What You Can Do [épisode 5, saison 1]. Dans The Breakdown. Waterbear Network. https://www.earthrise.studio/earthrise-originals/the-breakdown